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Article - " Femmes politiques et savantes à la cour omeyyade de Cordoue : Sara la Gothe, Loubna de Cordoue et Ṣubḥ (Aurora) ", Yacine Baziz

  • effervescencesmedi
  • 27 févr.
  • 15 min de lecture

Yacine Baziz est Docteur en Langues, Civilisations et Sociétés Orientales, Chercheur rattaché au MéMo (Centre d'histoire des sociétés Médiévales et Modernes) et enseignant titulaire (éducation nationale). Auteur d’une thèse soutenue à la Sorbonne Nouvelle en 2022 et intitulée Représentations d’Ibn Ḥazm de Cordoue dans les notices biographiques arabes et dans la littérature orientaliste. Ses recherches en littérature et en histoire portent sur les questions de représentation, d’intertextualité, d’altérité et sur la memoria arabo-musulmane.



L’historiographie arabe, et en particulier les dictionnaires biographiques arabes médiévaux, contient de nombreuses notices consacrées à des savantes dans divers domaines scientifiques religieux et profanes. La bibliographie relative aux femmes arabo-musulmanes médiévales reste encore lacunaire. Pourtant, ces dernières ont formé d’illustres savants traditionnistes tels qu’Ibn Ḥazm (m. 1064), Ibn Ḥağar (m. 1449) ou encore al-Suyūṭī (m. 1445).

Il nous a semblé pertinent de présenter trois portraits de femmes politiques ou savantes ayant vécu en Occident musulman médiéval : Sara la Gothe (Sāra al-Qūṭiyya), princesse wisigothique du VIIIe s., et deux femmes-esclaves qui ont joué un rôle scientifique ou politique majeur dans l’histoire d’al-Andalus, à savoir : la secrétaire de chancellerie Loubna de Cordoue (m. 984) et la reine-mère d’origine basque Ṣubḥ (m. 999). Nous essaierons d’inscrire ces portraits féminins dans leurs environnements narratif et culturel afin de mettre en perspective la dynamique de leurs trajectoires biographiques.

 

Sara la Gothe (Sāra al-Qūṭiyya) : une noble intégrée à la cour omeyyade

Sāra al-Qūṭiyya en arabe ou simplement la Gothe (al-Qūṭiyya) n’a aucune notice qui lui est consacrée dans les dictionnaires biographiques arabes médiévaux. En revanche, les historiens convoquent le personnage de Sara pour relater l’arrivée des troupes omeyyades en al-Andalus d’une part et d’autre part pour retracer la biographie de son célèbre petit-fils l’historien Ibn al-Qūṭiyya (le fils de la Gothe).

La biographie de Sara se résume à une anecdote décrivant un conflit familial. Le théologien maghrébin Qāḍī ʿIyāḍ (m. 1149)[1], l’historien syrien Ibn Ḫallikān (m. 1282)[2], l’historien damascène al-Ḏahabī (m. 1348)[3] et l’historien maghrébin al-Maqqarī (m. 1632)[4] mentionnent, sans trop de détail, cette injustice. Cette anecdote vise à retracer la généalogie de Sara et à consolider les liens politiques entre une partie des Wisigoths et des Omeyyades.

Sara la Gothe provient d’une famille princière déchue. Elle est la fille d’Olmund, un des fils du roi wisigoth Wittiza (r. 694-710)[5], renversé par Rodéric à la tête d’un royaume en proie à des guerres de succession[6]. Les sources arabes et latines confirment que Wittiza et ses fils ont apporté un soutien fondamental aux armées omeyyades lors de la bataille du Guadalete en 711. Ces mêmes sources rapportent, sans nous expliquer les motifs, qu’à la mort d’Olmund, son oncle Artobas décide d’exproprier la famille de Sara de propriétés foncières situées dans la région de Cordoue et de Séville. Ces droits de propriété, établis par le roi Wittiza entre ses fils, avaient été reconnues par le calife omeyyade al-Walīd I (r. 705-715), en récompense de leur loyauté lors de la bataille de Guadelete.

C’est le rôle de Sara que l’historiographie a gardé en mémoire du fait qu’elle s’est montrée vindicative face à son oncle paternel Artobas[7]. Pour réclamer justice, Sara se rend à Damas, capitale omeyyade, afin d’y rencontrer le calife Hišām I (r. 724-743). On raconte qu’elle fit construire un bateau pour réaliser son voyage. Puis, elle osa s’adresser directement au calife pour exiger la restitution des terres confisquées. Ce dernier charge le gouverneur d’Ifriqiyya Hantala ibn Safwān al-Qalbī, et le gouverneur d’al-Andalus, Husam ibn Dirār, d’assurer la restitution effective des terres aux ayants droits[8].

C’est lors de ce voyage que se nouent et se consolident ses alliances politiques. L’anecdote permet de justifier la légitimité de sa famille. À la cour du calife Hišām, Sara aurait eu l’occasion de défendre son cas et surtout de rencontrer le futur émir d’al-Andalus 'Abd al-Rahman I al-Daḥīl. Face au souverain omeyyade, la même anecdote montre qu’elle brille par sa prestance, sa fermeté et son opiniâtreté à combattre l’injustice vécue par sa famille. Probablement impressionné par sa personnalité, le calife Hišām s’arrange pour que cette dernière épouse un homme appelé Isā Ibn Muzāḥim[9], un client omeyyade (mawlā) de ʿUmar b. ʿAbd al-ʿAzīz. Elle aura deux fils : Ibrahim et Iṣḥāq[10], ancêtres de l’historien andalou Ibn al-Qūṭiyya. De retour en al-Andalus, 'Abd al-Rahman I lui aurait accordé un traitement spécial en lui offrant d’innombrables attentions, respectant ainsi l’engagement de ses aïeux depuis la conquête d’al-Andalus. À la mort de son époux Isā Ibn Muzāḥim en 138H (755/756), elle suit les conseils d’Abd al-Rahman Ier et épouse un membre de la prestigieuse tribu arabe des Lakhmid, Umayr ibn Sa’id. De cette union est né un fils unique, Ḥabīb. Ce dernier reçut respect et considérations spéciales, en raison de l’importance de la tribu de son père bien que d’autres fils de 'Umayr, nés d’autres épouses, n’ont pas reçu un traitement similaire. Les généalogistes peuvent ainsi saisir le prestige de Sara[11].

Si les données historiques sont lacunaires, Sara la Gothe semble s’être fait remarquer par sa noblesse, sa prestance et son éloquence. Ces récits servent à construire sa légitimité politique. La mémoire de Sara est surtout entretenue dans l’historiographie arabe grâce aux qualités d’historiens de son petit-fils Ibn al-Qūṭiyya. Cela dit, il est intéressant de noter que les historiens arabes se réfèrent davantage à ses origines wisigothiques[12] pour le citer, ce qui montre l’importance du personnage dans l’historiographie arabe.

 

Loubna de Cordoue (Loubnā al-Qurṭubiyya) : d’esclave à secrétaire de chancellerie à Cordoue

« Rien, écrit Olivier Gaudefroy, ne prédestinait Lubna à devenir l’une des personnalités éminentes du développement culturel de Cordoue »[13]. Née vers 940, Loubna de Cordoue est une esclave affranchie et s’élève rapidement à la cour omeyyade grâce à son intelligence et à son esprit. Loubna bint al-Mawla, un autre nom pour rappeler son origine servile, elle se retrouve parmi les servantes du palais d’ʿAbd al-Raḥmān III où elle est formée aux Lettres arabes.

Secrétaire personnelle du calife-savant al-Hakam II, sa mission consiste à superviser la bibliothèque califale de Madīnat al-Ẓahrā’. Véritable génie, Loubna de Cordoue participe à l’immense projet d’al-Hakam II de fonder une bibliothèque, constituée d’ouvrages de prix venant de l’Orient musulman que de Constantinople[14]. C’est l’une des rares femmes à se rendre au Caire, à Damas ou à Bagdad pour enrichir la bibliothèque royale. Copiste et calligraphe talentueuse et passionnée de mathématiques, elle reproduit, traduit, commente et annote elle-même de nombreux volumes de savants grecs antiques. 

L’œuvre de Loubna enrichit la littérature arabo-andalouse grâce à sa poésie[15] montrant une sensibilité et une maîtrise des formes littéraires de son temps, source d’inspiration pour d'autres poètes[16]. Loubna de Cordoue montre qu'elle peut rivaliser dans maints domaines traditionnellement dominés par les hommes au point qu’al-Suyūṭī la catégorise parmi les plus illustres grammairiens et lexicographes.

Le savoir est en ce temps un moyen de se distinguer et de s’affranchir d’une condition servile. Elle écrit et signe elle-même les lettres du calife dans un style florissant et selon les sources arabes, personne n’est parvenue à l’égaler en termes d'intelligence, d'esprit et d'élégance[17].

Contrairement à Sara la Gothe, les historiens lui ont consacré près d’une dizaine de notices biographiques, toutes très élogieuses à son égard. L’historien traditionniste cordouan Ibn Baškuwāl (m. 1183) est le premier à mentionner Loubna de Cordoue[18], les suivants n’ont fait que le paraphraser :

Loubna, secrétaire de chancellerie du calife al-Ḥakam b. ͑Abd al-Raḥmān, possédait une grande maitrise de l’écriture, de la grammaire, de la poésie. Sa perspicacité lui a facilité la maitrise des mathématiques. Elle avait une solide formation scientifique. A la cour califale, personne ne l’égalait. De plus, elle possédait une parfaite maitrise de la prosodie et de la calligraphie. Elle est décédée en l’an 374 de l’hégire (984 A.C.).


Ibn al-Abbār précise que Loubna écrivait et signait elle-même des documents au nom du calife et qu’aucun(e) secrétaire ne pouvait rivaliser avec elle[19]. L’itinéraire de la ğāriyya d’al-Ḥakam II comme le rappellent al-Ṣafadī[20] et al-Suyūṭī[21] a de quoi nous surprendre : ses capacités intellectuelles lui ont permis de rejoindre le Panthéon arabo-musulman.

 

Ṣubḥ (Aurora) : d’esclave à reine-mère

Contemporaine de Loubna de Cordoue, Ṣubḥ, ou Aurora de son nom d’origine, est une femme politique influente[22]. Son nom arabe (Ṣubḥ ou Ṣubḥiyya) est la traduction de son nom latin : il signifie le temps imparti à la prière du matin (le ṣubḥ). Pour la désigner, les historiens arabes l’ont désignée par les noms de : Ṣubḥ, Ṣubḥiyya, Ṣabīḥa, Aurora, al-Sayyida Ṣubḥ, Umm al-walad, al-Sulṭāna Ṣubḥ, Umm Hišām al-Mu’ayyad b. al-Ḥakam (la dame mère, réservé aux concubines favorites), al-sayyida al-kubrā (la grande princesse) ou enfin al-Kubrā Umm Amīr al-Mu’minīn al-Mu’ayyad bi-llāh. Ces titres officielles[23] montre qu’elle « a longtemps dominé le califat de Cordoue, comme l’écrit M. A. Annan et a partagé la gestion des affaires de l’État, en temps de paix comme en tant de guerre, avec les plus illustres hommes d’État andalous »[24].   .

D’origine basque, Aurora est rapidement devenue la concubine favorite du calife al-Ḥakam II. Bien qu’elle soit une femme politique d’importance, aucune notice biographique ne lui est consacrée ; son nom est plutôt rattaché dans la mémoire collective à celui de son fils al-Mu’ayyad et d’al-Manṣūr. Il existe très peu d’informations sur son éducation et son enfance. Enlevée, semble-t-il, très jeune par les Vikings. Son propriétaire l’aurait confié à un musicien afin d’apprendre les rudiments du métier dans le but d’être vendue à la célèbre école de musique du maitre Ziryab. Présentée à la cour lors d’un festival à Madīna al-Ẓahrā’, elle se fait remarquée par ses talents et accède au cercle restreint du calife al-Ḥakam II en devenant sa favorite.

Les nombreuses anecdotes chargées négativement évoquent ses erreurs politiques et tendent à noircir le portrait de la reine-mère à cause notamment de sa complicité avec Ibn Abī ͑Āmir. Ṣubḥ et al-Manṣūr entretenaient-ils une complicité dangereuse ? Des anecdotes peuvent le laisser penser. Celle relatée par Ibn ʿIḏārī fait « allusion à la passion qu’on attribuait à la mère de Hichâm pour Ibn Aboû ‘Amir, qu’elle fit arriver à un degré de puissance qui n’avait jamais été atteint jusqu’alors et qui ne fut pas depuis, et ce fut ainsi que cet homme dépouilla Hichâm de son royaume, de son armée et de ses biens »[25]. Le même Ibn ʿIḏārī montre les intérêts ambivalents de l’un et de l’autre :

On dit aussi que ce qui le mot en lumière fut son service auprès de la princesse Subh la Basque, mère d’Abd al-Rahman et de Hicham, et que ce fut par elle surtout qu’il arriva si vite et si haut. Il sut se concilier cette femme par ses bons services, les plaisirs qu’il lui procura, les sommes considérables qu’il mit à sa disposition, si bien qu’il la fascina et domina son cœur. Or elle-même dominait son maitre, et Ibn Abou ‘Amir faisait tous ses efforts pour lui témoigner son respect et ne jamais interrompre ses attentions pour elle, inventant et faisant à son intention des choses inouïes : ainsi il fit pour elle, pendant qu’il [lui] était [encore] subordonné, un [petit] palais d’argent auquel il consacra beaucoup de temps et de grosses sommes, qui était une chose extraordinaire et plus belle que ce qu’on avait jamais vu ; on l’exposa en dehors de la demeure d’Ibn Abou ‘Amir à l’admiration du public, qui se pâma à ce spectacle et qui en causa longtemps. En un mot, il régnait en maitre absolu dans le cœur de cette femme, qui de son côté lui adressait des preuves multiples d’estime et s’inquiétait tant de lui que l’opinion publique s’occupa du penchant qu’elle manifestait en sa faveur[26].


À ce propos al-Ḥakam II aurait d’ailleurs déclaré :

Par quels habiles procédés ce garçon attire-t-il toutes mes femmes, que leur cœur lui appartienne ? Elles ont beau être entourées de tout le luxe du monde, elles n’apprécient que les cadeaux venant de lui, ne goûtent que ce qu’il apporte. C’est un sorcier savant ou un serviteur bien entendu ![27].


La proximité entre Ṣubḥ et al-Manṣūr semble être bâtie sur des intérêts politiques de circonstances. Ainsi, lorsque des seigneurs galiciens harcèlent les possessions omeyyades peu après la mort d’al-Ḥakam II, Ṣubḥ s’inquiète pour le trône de son fils. Al-Manṣūr rassure la reine-mère et lui promet de rétablir le prestige du califat aux frontières[28] gagnant ainsi en popularité. Le récit d’al-Marrākušī relate l’influence d’al-Manṣūr :

Sa situation ne cessa de s’élever, depuis son arrivée à Cordoue jusqu’à ce qu’il fût chargé d’administrer la maison de la princesse Ṣubḥ, mère de Hishâm al-Mu’ayyad b. al-Ḥakam, de gérer ses biens et ses propriétés, exerçant sur elle une forte influence, et ce, jusqu’à la mort d’al-Ḥakam al-Mustanṣir. Hishâm était alors très jeune, comme nous l’avons expliqué, et l’on craignait les troubles, mais Ibn Abî ‘Âmir sut rassurer Ṣubḥ et affermir la succession de son fils. C’était un homme énergique, favorisé par le sort, aidé par l’argent de cette femme et qui se concilier les troupes[29].


Al-Ḥakam II était éperdument amoureux de Ṣubḥ. C’est cet amour inconditionnel qui est dénoncé dans le Collier de la colombe par Ibn Ḥazm : « al-Hakam II al-Mustansir fut ensorcelé par Subh, la mère de Hishâm II al-Muayyad – Dieu les agrée tous -, au point de s’interdire toute démonstration aux enfants qu’il avait eu ailleurs. Et tant d’autres… »[30]. Cet envoutement rendu dans le texte par le verbe iftatana est construit sur la racine trilitère F-T-N évoquant la fitna(trouble, sédition). Le mauvais rôle lui est implicitement donné.

D’autres récits participent au portrait négatif de la reine-mère qui multiplie les fautes politiques. Les sources arabes indiquent qu’elle eut deux fils avec al-Hakam II : ʽAbd al-Raḥmān et Hišām. Le premier mourra jeune ; Ibn ʿIdharî, historien du XIVe s. écrit à ce propos :

Il naquit au khalife de sa concubine, qu’il nomma Dja’far [Subh] et qui devint ainsi esclave-mère, un enfant mâle à qui il donna le nom d’ʽAbd al-Raḥmān. Comme c’était là son premier-né, il ressentit une joie très vive de cet événement, que les poètes et les littérateurs célébrèrent de toutes les manières[31].


À la mort d’al-Hakam II, son second fils Hišām lui succède mais il est trop jeune pour gouverner. Pour la première fois dans l’histoire d’al-Andalus, une femme prend tacitement les rênes du pouvoir. Ṣubḥ décide de s’appuyer sur un haut fonctionnaire ambitieux al-Manṣūr qui voit en elle la voie toute tracée vers la fonction suprême.

Devant s’assurer la protection de généraux, al-Manṣūr et Ṣubḥ manœuvrent subtilement pour que la fille du fameux général Ġālib accepte que sa fille épouse al-Manṣūr. Le mariage, qui fut célébré en grande pompe à Cordoue et dont les détails furent réglés par les dames du palais sans que Ṣubḥ ne s’y oppose[32], lui a permis de s’assurer la loyauté de Ġālib.

À Cordoue, des rumeurs sont colportées sur les mœurs dévolues de son entourage et sur l’inconduite de Ṣubḥ, qu’on prétendait enceinte de ses œuvres, au point qu’al-Manṣūr ordonna un jour l’exécution d’une poétesse chanteuse qui avait repris des vers légers à propos de Ṣubḥ. Ibn Ḥazm critiqua sévèrement l’attitude d’al-Manṣūr[33].

En cherchant à s’allier les juristes Malikites, al-Manṣūr commence à afficher publiquement une piété puritaine et constate que Ṣubḥ et son fils héritier en sont des obstacles. Ils furent confinés dans une tour du palais entourée de douves. La reine-mère ne peut que constater la trahison et la trajectoire politique vertigineuse de son protégé. Elle élabora bien un plan astucieux dans le but de déclencher un soulèvement populaire mais en vain. Ṣubḥ devait mourir exactement le 11 décembre 999 (29 dhu al-hijja 389 H) selon ce que rapporte Ibn al-Faraḍī[34].

 

Conclusion

Trois trajectoires distinctes de par leur origine ethnique ou de par leur condition sociale ont montré la dynamique historiographique et mémorielle des personnages comme Sara la Gothe, Lubna de Cordoue et Ṣubḥ. Cela peut d’ailleurs, comme l’écrit Pascal Burési, surprendre dans une société esclavagiste de voir des esclaves en position de force[35]. Et pourtant, ces différents personnages nous révèlent, ajoute-t-il, en fait une organisation sociale, des rapports de pouvoir et une spécificité de l’esclavage en terre d’Islam, qui contrastent avec l’image qu’on peut s’en faire aujourd’hui de manière anachronique[36].

 

Bibliographie

Sources primaires (par ordre chronologique)

al-Faraḍī (m. 1012) : Tārīḫ ʽulamā’ al-Andalus, Le Caire, Maktaba al-Ḫanğī, 1988, 2ème éd.

Ibn Ḥazm (m. 1064) : Le Collier de la Colombe, trad. fr. G. Martinez-Gros, Arles, Actes Sud, 1992.

Ibn Ḥazm (m. 1064) : Ṭawq al-ḥamāma, ed. sc. I. ʿAbbās, Beyrouth, al-Mu’assassa al-ʿarabiyya li-l-dirāsāt wa-l-našr, 1987.

Qāḍī ʿIyāḍ (m. 1149) : Tartīb al-madārik wa taqrīb al-masālik, Mohammédia, Maṭbaʿa Fuḍāla, 1983

Ibn Baškuwāl (m. 1183) : al-Ṣila, Le Caire, Maktaba al-Ḫānğī, 1955, 2ème éd., trad.

Ibn al-Abbār (m. 1260) : al-Takmila li-kitāb al-Ṣila, Beyrouth, Dār al-fikr li-l-ṭiba͑a, 1995.

Ibn Ḫallikān (m. 1282) : Wafayāt al-aʿyān, Beyrouth, Dār Ṣādir, 1971.

Ibn ʿIḏārī (m. 1315) : Histoire de l’Afrique et de l’Espagne Al-Bayano’l-Mogrib, trad. fr. E. Fagnan, Alger, Imp. orientale Pierre Fontana, 1904.

al-Ḏahabī (m. 1348) : Sīra aʿlām al-nubulā’, Beyrouth, Mu’assassa al-Risāla, 1985, 2ème ed.

al-Maqqarī (m. 1632) : Nafḥ al-ṭīb min ġusn al-Andalus, éd. I. ͑Abbās, Beyrouth, Dār Ṣādir, 2009.

al-Ṣafadī (m. 1363) : al-Wāfī bi-l-wafayāt, Beyrouth, Dār iḥyā’ al-turāṭ, 2000.

al-Suyūṭī (m. 1505) : Buġyat al-wuꜤāt, Beyrouth, al-Maktaba al-͑aṣriyya, 2009.

 

Sources secondaires

Muḥammad ʽAbd Allāh ʽANĀN: Dawlat al-islām fī-l-Andalus, Le Caire, Maktabat al-Ḫanğī, 1997.

ʿAbd Allāh b. ʿAfīfī al-BĀĞŪRĪ: al-Mar’a al-ʿarabiyya fī Ğāhiliyyatihā wa islāmihā, Médine, Maktaba al-ṯaqāfa, 1932, 2ème éd.

Yacine BAZIZ :

- « Nouvelle approche des notices biographiques arabes le cas d’Ibn Hazm », Revue Annales du patrimoine, Université de Mostaganem, N° 24, Septembre 2024, pp. 67-85.

- « Les enjeux mémoriels de la citation dans les dictionnaires biographiques arabes médiévaux : le cas des premières tarğama-s consacrées à Ibn Ḥazm de Cordoue », [à paraitre dans Semitica et Classica].

Pascal BURÉSI : Postface de la Bibliomule de Cordoue. La bibliomule de Cordoue, Dargaud, 2021, 978-2-505-07864-7.ffhalshs-03924074.

Ann Rosemary CHRISTYS: Christians in Al-Andalus, 711-1 000, Londres, Routledge, 2002.

Bernard DOMEYNE: Sobheya, princesse de Cordoue, Paris, Publibook, 1970.

María Isabel FIERRO: « La obra histórica de Ibn al-Qūṭiyya », al-Qantara, 10, 1989, 2, pp. 485-512.

Brigitte FOULON et Emmanuelle TIXIER DU MESNIL : Al-Andalus, Paris, Flammarion, 2009

Olivier GAUGEFROY: Lubna La copiste de Cordoue, Levallois-Perret, Turquoise, 2019.

Simon HAYEK: Ṣubḥ al-baškansiyya aw al-Andalus ʽalā ʽahd al-Ḥakam al-Mustanṣir wa-l-dawla al-ʽāmiriyya, Jounieh, Maṭābiʽ al-karīm al-ḥadīṯ, 1976.

Évariste LÉVI-PROVENÇAL: Histoire de l’Espagne musulmane, Paris, Maisonneuve et Larose, 1999.

Roberto MARÍN-GUZMÁN: « Social and ethnic tensions in al-Andalus: Cases of Ishbīliyah (Sevilla) 276/889-302/914 and Ilbīrah (Elvira) 276/889-284/897-The role of ‘Umar ibn Ḥafsūn », dans Islamic Studies, 32, n°3 (automne 1933), pp.279-318.

Michel ZIMMERMANN : « L’Espagne wisigothique », Clio, 2002, pp.1-8.



Notes

[1] Qāḍī ʿIyāḍ : Tartīb al-madārik wa taqrīb al-masālik, Mohammédia, Maṭbaʿa Fuḍāla, 1983, t. 6, p. 296.

[2] Ibn Ḫallikān : Wafayāt al-aʿyān, Beyrouth, Dār Ṣādir, 1971, t. 4, p. 370.

[3] al-Ḏahabī : Sīra aʿlām al-nubulā’, Beyrouth, Mu’assassa al-Risāla, 1985, 2ème ed., t. 16, p. 220.

[4] al-Maqqarī : Nafḥ al-ṭīb min ġusn al-Andalus, éd. I. ͑Abbās, Beyrouth, Dār Ṣādir, t.1, p. 267.

[5] Né probablement vers 687, Wittiza fut roi des Wisigoths de 694 jusqu’à sa mort en 710. Il codirigea avec l’archevêque de Tolède le dix-huitième concile de Tolède. Ce personnage a un homonyme en la personne de Benoit d’Aniane (750-821), un aristocrate d’origine wisigothique de l’époque carolingienne.

[6] Michel Zimmermann : L’Espagne wisigothique, Clio, 2002, p. 6. Michel Zimmermann nous informe que le roi Egica transmit la couronne à son fils Wittiza (702-710), ce dernier a tenté une politique de réconciliation.

[7] María Isabel Fierro : La obra histórica de Ibn al-Qūṭiyya, dans al-Qantara, 10, 1989, 2, pp. 485-512.

[8] Ann Rosemary Christys: Christians in Al-Andalus, 711-1 000, Londres,Routledge, 2002, p. 158.

[9] Roberto Marín-Guzmán: Social and ethnic tensions in al-Andalus: Cases of Ishbīliyah (Sevilla) 276/889-302/914 and Ilbīrah (Elvira) 276/889-284/897-The role of ‘Umar ibn Ḥafsūn, dans Islamic Studies, 32, n°3 (automne 1933), pp.279-318; Ann Rosemary Christys: Christians in Al-Andalus, 711-1 000, Londres, Routledge, 2002, p. 158.

[10] Roberto Marín-Guzmán: Social and ethnic tensions, op. cit., p.284.

[11] María Isabel Fierro : La obra histórica, op. cit, pp. 485-512.

[12] « Ibn al-Qūṭiyya » signifiant « le fils de la Gothe ».

[13] Olivier Gaudefroy: Lubna La copiste de Cordoue, Levallois-Perret, Turquoise, 2019.

[14] Brigitte Foulon, Emmanuelle Tixier du Mesnil: Al-Andalus, Paris, Flammarion, 2009, p. 61.

[15] Aucune œuvre écrite de Loubna de Cordoue ne nous est parvenue à notre connaissance.

[16] ʿAbd Allāh b. ʿAfīfī al-Bāğūrī: al-Mar’a al-ʿarabiyya fī Ğāhiliyyatihā wa islāmihā, Médine, Maktaba al-ṯaqāfa, 1932, 2ème éd., t. 2, p. 155.

[17] ʿAbd Allāh b. ʿAfīfī al-Bāğūrī: al-Mar’a al-ʿarabiyya, op. cit., p. 155.

[18] Ibn Baškuwāl: al-Ṣila, Le Caire, Maktaba al-Ḫānğī, 1955, 2ème éd., trad. fr. Yacine Baziz, p. 653.

[19] Ibn al-Abbār: al-Takmila li-kitāb al-Ṣila, Beyrouth, Dār al-fikr li-l-ṭiba͑a, 1995, t. 4, p. 247.

[20] al-Ṣafadī: al-Wāfī bi-l-wafayāt, Beyrouth, Dār iḥyā’ al-turāṭ, 2000, t. 24, p. 298.

[21] al-Suyūṭī: Buġyat al-wuꜤāt, Beyrouth, al-Maktaba al-͑aṣriyya, 2009, t. 2, p. 269.

[22] Cf. Les romans historiques de Bernard Domeyne : Sobheya, princesse de Cordoue, Paris, Publibook, 1970 ; et de Simon Hayek : Ṣubḥ al-baškansiyya aw al-Andalus ʽalā ʽahd al-Ḥakam al-Mustanṣir wa-l-dawla al-ʽāmiriyya, Jounieh, Maṭābiʽ al-karīm al-ḥadīṯ, 1976.

[23] Évariste Lévi-Provençal : Histoire de l’Espagne musulmane, Paris, Maisonneuve et Larose, 1999, (1950, 1ère édition), t. 2, p. 208. Une fontaine construite à Cordoue sur son ordre et à ses frais en 977 (367 H) porte ce nom.

[24] Muḥammad ʽAbd Allāh ʽAnān: Dawlat al-islām fī-l-Andalus, Le Caire, Maktabat al-Ḫanğī, 1997, t. 1, p. 521.

[25] Ibid., t. 2, p. 466.

[26] Ibid., t. 2, pp. 416-417.

[27] Ibid., t. 2, p. 417.

[28] Évariste Lévi-Provençal: Histoire de l’Espagne musulmane, op. cit., t. 2, pp. 211-212.

[29] Brigitte Foulon, Emmanuelle Tixier du Mesnil: Al-Andalus, op. cit., trad. fr. E. Tixier du Mesnil, p.70.

[30] Ibn Ḥazm : Le Collier de la Colombe, trad. fr. Gabriel Martinez-Gros, Arles, Actes Sud, 1992, p. 29.

[31] Ibn ʿIḏārī : Histoire de l’Afrique et de l’Espagne Al-Bayano’l-Mogrib, Alger,  Imp. orientale Pierre Fontana, 1904, trad. fr. E. Fagnan, t. 2, p. 389

[32] Ibid., t. 2, pp. 214-215.

[33] Ibn Ḥazm: Ṭawq al-ḥamāma, ed. sc. I. ʿAbbās, Beyrouth, al-Mu’assassa al-ʿarabiyya li-l-dirāsāt wa-l-našr, 1987, p. 147.

[34] al-Faraḍī: Tārīḫ ʽulamā’ al-Andalus, Le Caire, Maktaba al-Ḫanğī, 1988, 2ème éd., t. 1, p. 210. Cette date est rapporté par l’historien andalou un peu par hasard à la notice n°535

[35] Pascal Burési : Postface de la Bibliomule de Cordoue. La bibliomule de Cordoue, Dargaud, 2021, 978-2-505-07864-7. ffhalshs-03924074, p. 5.

[36] Ibid., p. 6.



Pour citer cet article

Yaine BAZIZ, "Femmes politiques et savantes à la cour omeyyade de Cordoue : Sara la Gothe, Loubna de Cordoue et Ṣubḥ (Aurora) ", Effervescences Médiévales, 2025 [En ligne], mis en ligne le 27 février 2025.


 
 
 

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