Originaire de Corse, âgée de 28 ans, Pauline Fabiani est agrégée de lettres modernes, membre de l’UMR CNRS 6240 LISA en tant qu’attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université de Corse et du CSLF en qualité de doctorante à l’Université Paris-Nanterre. Elle prépare depuis 2022 une thèse sur la poésie amoureuse de Desportes à Malherbe, s’interrogeant sur la notion, complexe, de « pétrarquisme » et sa possible réévaluation à l’aune de son contexte de résurgence.
Si l’imprimerie a favorisé la multiplication des ouvrages, elle a aussi modifié le rapport entre auteur et lecteur. Au dédicataire unique de l’époque médiévale, recevant un texte qui lui était destiné d’avance, se substitue le Lecteur, entité anonyme que l’auteur, qui ne le connaît pas, doit persuader par des stratégies[1]. Cette tâche est doublement complexe pour une femme. Rares sont celles qui peuvent se prétendre aussi savantes que les hommes[2] : peu nombreuses, elles existent néanmoins, de Christine de Pizan à Marie de Gournay. Le cas de Marie de Romieu « Damoiselle native de Vivarets en Languedoc, soeur de Jaques de Romieu, Gentilhomme Gascon & nièce de M. des Auberts »[3] est à ce titre intéressant. Cette « demoiselle », ne possédant aucun rang social notable, appartient au peuple, plus particulièrement à une famille de boulangers4. Elle fait pourtant imprimer en 1573, anonymement (ce qui est significatif) une Instruction pour les jeunes Dames. Ses Premières Œuvres Poétiques ne seront publiées que huit ans plus tard, et par l’entremise de son frère aîné, Jacques[4].]De plus, si sa date de naissance (voire son existence même[5]) est incertaine, elle serait née aux alentours de 1545 : elle serait, en 1581, âgée de plus de trente ans, ce qui n’est pas nécessairement jeune pour l’époque. Se faire publier pour une femme (et de condition modeste) semble complexe : les pièces liminaires en témoignent. Ces dernières[6] ont pour vocation de décrire (et de valoriser, a priori) l’auteur du recueil. Quel portrait littéraire (pendant du portrait pictural, en tant que forme particulière de description) dessinent ces formes brèves ? Passer en revue les auteurs élaborant le seuil (pièces écrites par Marie de Romieu à son frère, Jacques, ou par des tiers à Marie de Romieu) nous permettra d’étayer une construction auctoriale contrastée.
Marie à travers Jacques de Romieu : portrait(s) de famille
Frère aîné de Marie et homme à l’initiative de la publication, Jacques inaugure l’ouvrage à travers une épigramme latine dédiée à Marguerite de Lorraine, épouse d’Anne Duc de Joyeuse, soit à l’entourage de Henri III[7]. S’il est de coutume de dédier son œuvre à un personnage influent du royaume, la démarche, assurée par un tiers, est ambiguë. Usant du latin, langue des humanistes, mais apanage en général des hommes, même s’il la qualifie de « docta », Jacques se glorifie en se faisant la tutelle du génie de sa sœur, qu’il contribue, par son autorité de frère, à introduire sur la scène littéraire —et celle du monde. [3]L’on cerne d’autant mieux cela si l’on s’intéresse au texte qui suit : une épître[8], cette fois-ci rédigée par Marie de Romieu elle-même à son frère. Cette dernière signale d’abord leur affection réciproque (« Monsieur & bien aimé frère, je receus un merveilleux contantement de voz lettres ces jours passez »[9]). Néanmoins, la poétesse ne tarde pas à formuler un reproche : « Mais d’ailleurs je fus grandement estonnée et comme ravie d’admiration ayant leu une certaine invective avec quelques Satyres qu’avez faict à l’encontre de nostre sexe foeminin »[10]. Jacques aurait verbalisé une critique véhémente à l’endroit des femmes (corroborée par un personnage insigne de la ville, leur oncle Desaubers), dont Marie de Romieu (manifestant son indignation, « estonnée », « ravie » au sens d’un transport mais négatif[11]) déclare ignorer la cause, ce qui la tourmente le plus[12]. L’épître fait surgir les causes supposées de l’œuvre selon son auteur, se décrivant comme une femme qui ose prendre position vis-à-vis de son frère : « j’ay bien voulu vous mõstrer en cela que je n’estois du tout despourveuë de l’art de poësie »[13]. « Mõstrer » dénote un sens visuel (cette épître accompagne un texte concret, le « Brief Discours », objet matériel qui prend le contre-pied du frère) mais il faut le rapprocher du sens de « démontrer » : Marie de Romieu se sert de sa plume pour convaincre son frère du caractère infondé de son propos. La litote « je n’estois du tout despourvueuë »[14] vise à renforcer sa valeur et à asseoir sa position face à son frère. Si elle clôt l’épître en bonne et due forme, signant son propos en tant que « bien humble & obéissante seur »[15], il ne faudrait pas se méprendre sur le fond. Il est ainsi possible que l’âge, pour une première impression publique de ses œuvres, soit un frein supplémentaire à une carrière sur le long terme (d’autant plus qu’elle meurt vraisemblablement dans les années 1590). Il n’empêche qu’au-delà des liens familiaux se dégage la volonté d’entériner une légitimité littéraire féminine.[4]
Le sonnet de Togne de Vaulx : une narration cataphorique[16]
Si l’on ne sait que peu de l’auteur[17], ce dernier consacre les deux premiers quatrains à la narration d’un évènement important pour l’époque : le mariage du Duc Anne de Joyeuse avec Marguerite de Lorraine-Vaudémont. S’inscrivant dans la logique initiée par l’épigramme de Jacques de Romieu, il loue les futurs mariés, dont l’un est né « de divin parentage » et l’autre tient « des deitez »[18]. Ce cadre introduit les vers de Marie de Romieu, qui en deviennent, par ricochet, divins (la poétesse à travers sa production étant comparée à la « Vénus du bi cornu Parnasse »). L’auteur, au premier tercet, dit en effet qu’ils « eurent si bonne grace » que tous s’interrogent sur leur auteur (« Qui est ceste Romieu ? »). Sollicitant le lecteur derrière cette mise en abîme, Togne de Vaulx introduit des discours directs qui mènent à l’identification, en fin de sonnet, de la poétesse. L’intronisation poétique est brouillée par un « concetto »[19]. Alors que la parole poétique de Romieu semble approuvée par « tous », Togne de Vaux limite, discrètement, cette reconnaissance en la désignant par son appartenance régionale et en faisant d’elle certes une « gloire » poétique, mais « des siens et d’un petit lieu » —cercle de la famille et dirions-nous de la ville (l’adjectif antéposé connotant un jugement de valeur plus qu’une appréciation purement géographique). Trogne de Vaux est-il admiratif du talent de la Vivaroise ? Considère-t-il sa célébrité régionale de façon neutre (voire positive) ou bien la tourne-t-il en dérision ? Quoi qu’il en soit, le discours sur la poétesse est ambivalent, et par voie de conséquence la construction de la figure auctoriale qui en découle.[5]
« Sonnet foeminin » et mythologique de Jean-Édouard du Monin[20]
Si Jacques de Romieu a écrit des lettres en « style doux-coulant »[21], en 1581 il n’est encore l’auteur d’aucun imprimé (ce sera le cas trois ans plus tard, avec ses Mélanges). Il faut une caution non seulement masculine et familiale, mais proprement littéraire. Le choix de faire publier ce sonnet en revanche est étonnant. Jean-Édouard du Monin n’est pas le poète le plus apprécié en son temps : D’Aubigné, dans les Aventures du Baron de Faeneste, le raille comme « poète des chevaux légers »[22][tandis que Deimier l’épingle dans son L’Academie de l’art poëtique[23]. Du reste, en 1581, il n’a encore écrit aucun de ses ouvrages les plus connus : les Amours en 1582[24], L’Uranologie en 1583[25] ou encore le Phénix en 1585[26]. Cependant, Jacques de Romieu était ami avec Flaminio de Birague et Jean-Édouard Du Monin : il est ainsi vraisemblable qu’à la faveur de son ami, Du Monin ait accepté d’écrire ce sonnet pour les œuvres de Marie[27]. Ce dernier est dit « foeminin » : l’adjectif renvoie à la rime employée mais aussi à la dédicataire, glissement possible d’une métrique abstraite à une personne concrète. Le sonnet est limité à une partie de l’œuvre de Marie de Romieu : « son Discours »[28]. Pour dépeindre la poétesse, Du Monin développe dans les deux premiers quatrains le mythe platonicien de l’androgyne[29]. Par sa nature, la poétesse est de « verve femelle » mais sa réussite serait de contrevenir à cette nature jugée mauvaise, par un art qui fasse naître des vers quant à eux fermes. Son art est à ce point excellent qu’il entraîne un sentiment d’émulation chez Du Monin, qui aimerait à son tour « [s’] enfemmer »[30]. Pour couronner ce génie qu’il perçoit, l’auteur convoque les éléments mythologiques de l’inspiration avant de le placer in fine, dans les tercets, au-dessus même de toute « procedure » : « ton haut styl’ », écrit-il, « est l’arrest de la judicature ». Ce « haut style » est qualifié plus bas de « beau trein nombreus », ce qui est nombreux renvoyant à la richesse de l’éloquence selon la tradition cicéronienne. La Vivaroise a tant de talent qu’elle bouscule, en fin de sonnet, l’ordre établi une fois encore, cette fois-ci non plus à l’échelle du vivant mais à celle, symbolique, de la poésie, se créant une « dixiesme » place chez les Muses et une « quatriesme » parmi les Grâces. L’ambivalence n’en demeure pas moins non plus : Muses et Grâces restent, en dépit de leur perfection et de leur rôle d’inspiration, des objets et non pas des sujets créateurs. [7]
L. Murignieu et A. Perraud, Lyonnais : refus de la misogynie, variété des formes poétiques
Enfin, l’on trouve deux sonnets (l’un de Murignieu, l’autre de Perraud) et trois quatrains autonomes (exclusivement de Murigneu) Concernant ces auteurs, leurs noms nous sont également obscurs[31], l’indication géographique « Lyonnais » les rapprochant. À la différence de Togne de Vaux et de Jean- Édouard Du Monin, le sonnet de Perraud envisage la poétesse au sein de l’opposition du corps et de l’esprit. Les quatrains établissent un constat que résument les vers 5 et 6[32]. D’essence imparfait, l’être humain ne peut conjuguer en lui seul les qualités de l’esprit et celles du corps. Il peut certes en donner l’illusion, ce que Perraud illustre à travers l’image du masque : la beauté corporelle peut servir à cacher la laideur de l’âme et de l’esprit. La conjonction de coordination « Or » qui initie les tercets entraîne un bouleversement de perspective. L’apostrophe à « De Romieu », placée en incise, prend à témoin la poétesse du miracle qu’elle serait : le ciel (c’est-à-dire Dieu, mais aussi par métonymie la nature qu’il crée et les dons qu’il prodigue) l’a comblée de tous les « plus rares presens […] tant dedans que dehors ». Le sonnet se clôt sur une évocation mythologique qui couronne cette vision superlative d’une femme en laquelle coïncide toutes les vertus : celles de Pallas-Minerve (l’intelligence) et celles de Vénus (la beauté). Si, comme Togne de Vaux, Perraud amène en fin de sonnet la figure de la poétesse et si, comme Jean-Édouard Du Monin, il mobilise l’appareillage mythologique, le portrait qu’il dresse de Marie de Romieu est bien plus élogieux que les leurs.]Murignieu s’inscrit dans ce sillage[33] et se distingue dans le sens où il semble avoir lu le « Discours » de la poétesse (qu’il défendrait en connaissance de cause). Son sonnet s’ouvre sur « Saphon », la poétesse lyrique grecque, et la « docte Corinne », auxquelles Marie de Romieu fait elle-même écho[34]. Le système comparatif qui structure les quatrains met en exergue un rapprochement symbolique fort : Saphô et Corinne sont des cautions poétiques prestigieuses légitimant la nouvelle poétesse. L’analogie est renforcée par la critique des hommes, jaloux du talent féminin qu’ils tâchent en vain de rabaisser. Murignieu défend ainsi « l’éloquence divine », la « rare doctrine », les « gentils traits » et le « sçavoir si divers » de Marie de Romieu. L’éloge repose sur deux axes: la topique du poète-vates, imprégné de divinité ; l’idée d’une érudition à la fois riche et variée. L’esprit de la poétesse suscite chez l’auteur du sonnet une confusion qui traduit l’admiration. Le dernier tercet déploie une image mythologique récurrente dans le métadiscours littéraire du temps, celle du « sacré saint troupeau » des Muses qui « enseign[ent] tous les jours sur le sonnet (sic) jumeau » la poétesse, c’est-à-dire le sommet du Parnasse, symbole d’inspiration poétique. À ce sonnet succèdent trois quatrains[35]: dans le premier, le poète s’adresse aux potentiels « babillards » qu’il tâche de dissuader ; le deuxième renouvelle l’éloge de la « grande éloquence » et insiste sur le bouleversement dont procède la reconnaissance auctoriale de Marie de Romieu, mise en valeur par la rime « paradoxe incroyable »/« chose véritable ». La poétesse, « bien-disante » (dans le troisième quatrain), offre non seulement à sa personne mais également aux « dames » (que le poète dans ce même dernier quatrain interpelle) une réparation de l’honneur « deschiré par mainte langue médisante ». [9]
Conclusion
Cette étude nous a permis de dresser un portrait littéraire de Marie de Romieu, qui par l’impression de ses œuvres devient auteur. Cependant, que ce soit par amateurisme poétique (le seuil regroupant un poète critiqué en son temps et d’illustres inconnus) ou volonté consciente d’être ambigus, les auteurs du seuil, mêlant éloge et réserve, mettent en relief les difficultés que rencontre une femme de la Renaissance dès lors qu’elle se met quête de reconnaissance. Quoi qu’en dise donc Murignieu, le « renom » de la poétesse n’a-t-il pas souffert de « l’injure du temps » (et des hommes), qui l’a longtemps oubliée ?
Bibliographie
Sources
Les premières œuvres poétiques de Mademoiselle Marie de Romieu, Vivaroise, contenant un brief discours que l'excellence de la femme surpasse celle de l'homme, non moins recréatif que plein de beaux exemples, 1581, Lucas Breyer, Paris, 50 ff., in-12, Gallica, BNF, département Fonds du service reproduction, Rés. Ye-1877
Marie de Romieu, Premières Œuvres Poétiques, éd. André Winandy, Genève, Droz, 1972.
Jacques de Romieu, Mélanges, Lyon, Benoist Rigaud, 1584, Gallica, 91 ff, in-8, Bibliothèque nationale de France, Rés. Ye-1878.
Les bibliothèques françoises de La Croix-du-Maine et de Du Verdier, Paris, Saillant et Nyon, Gallica, in-4, Tome 2 [6 vols], Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Q-520.
Agrippa D’Aubigné, Les Aventures du Baron de Faeneste, Quatrième Partie, Chap. XIV « Les Triomphes », Au Dezert. Imprimé aux despens de l'autheur, Gallica, in-8, Bibliothèque nationale de Jean Édouard Du Monin, Les Nouvelles Œuvres, J. Parant (Paris), In-12, Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, Rés. 8-BL-8920.
Jean Édouard Du Monin, L’Uranologie, ou Le ciel: contenant, outre l'ordinaire doctrine de la sphaere, plusieurs beaus discours dignes de tout gentil esprit... G. Julien (Paris), [15]-210 ff. ; in-12, Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Ye-5537
Jean Édouard Du Monin, Le Phénix, G. Bichon (Paris), 156 ff. ; in-12, BNF, département Fonds du service reproduction, Rés. Ye-1926.
Études
Berriot-Salvadore, Evelyne, Les femmes dans la société française de la Renaissance, Genève, Droz, 1990
Blanco, Mercedes, Les rhétoriques de la pointe : Gracian et le scepticisme en Europe, Paris, Classiques Garnier, 2007.
Cayuela, Anne, « Autorités classiques et paratexte au XVIIe siècle », e-Spania [En ligne], 21 | juin 2015, mis en ligne le 26 mai 2015, consulté le 07 octobre 2024, http://journals.openedition.org/e-spania/24653.
Desan, Philippe « Préfaces, prologues et avis au lecteur : stratégies préfacielles à la Renaissance », What is Literature ?1100-1600, Lexington, French Forum Publishers, 1993, p. 101-122 ;
Genette, Gérard Seuils, Paris, Seuil, « Poétique », 1987.
—La Charité, Claude « Supercherie et désattribution des Premières œuvres poétiques (1581) : l’improuvable inexistence de Marie de Romieu », Femmes à l’œuvre dans la construction des savoirs. Trotot, Caroline, et al., LISAA éditeur, 2020, https://doi.org/10.4000/books.lisaa.1162.
Lazard, Madeleine « Protestations et revendications féminines dans la littérature française du XVIe siècle », Revue d’histoire littéraire de la France, 91, Paris, Classiques Garnier, 1991, p. 859-877.
Lecointe, Jean « Le ‘langage de la my-nuict’ : la poétique de Du Monin au regard de l’Académie de l’art poëtique (1610) de Pierre de Deimier, » Albineana, Cahiers d'Aubigné, 22, 2010. « Une volée de poètes » : D’Aubigné et la génération poétique des années 1570-1610. p. 269-292.
Martin, Frédéric, Les Politesses du seuil : poèmes liminaires et sociabilités poétiques (1598-1630), Paris, Classiques Garnier, 2022.
Les Satires Françaises du XVIe siècle, Tome 2, Paris, Librairie Garnier Frères,1922,
Notes
[1] Sur l’importance que prennent ces textes d’accompagnement, voir entre autres, Desan, Philippe « Préfaces, prologues et avis au lecteur : stratégies préfacielles à la Renaissance », What is Literature ? 1100-1600, Lexington, French Forum Publishers, 1993, p. 101-122 ; Gérard Genette, Seuils, Paris, Seuil, « Poétique », 1987 ; Frédéric Martin, Les Politesses du seuil : poèmes liminaires et sociabilités poétiques (1598-1630), Paris, Classiques Garnier, 2022 ; Anne Cayuela, « Autorités classiques et paratexte au XVIIe siècle », e-Spania [En ligne], 21 | juin 2015, mis en ligne le 26 mai 2015, consulté le 07 octobre 2024, http://journals.openedition.org/e-spania/24653.
[2] Sur l’éducation des femmes, voir notamment Evelyne Berriot-Salvadore, Les femmes dans la société française de la Renaissance, Genève, Droz, 1990 et Madeleine Lazard, « Protestations et revendications féminines dans la littérature française du XVIe siècle », Revue d’histoire littéraire de la France, 91, Paris, Classiques Garnier, 1991, p. 859-877.
[3] Les bibliothèques françoises de La Croix-du-Maine et de Du Verdier, Paris, Saillant et Nyon, Gallica, in-4, Tome 2 [6 vols], Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Q-520, p. 89.
[4] Les premières œuvres poétiques de Mademoiselle Marie de Romieu, Vivaroise, contenant un brief discours que l'excellence de la femme surpasse celle de l'homme, non moins recréatif que plein de beaux exemples, 1581, Lucas Breyer, Paris, 50 ff., in-12, Gallica, BNF, département Fonds du service reproduction, Rés. Ye-1877. Nous abrégerons en « Les Premières Œuvres Poétiques » et solliciterons également l’édition critique d’André Winandy (Genève, Droz, 1972). Sur le rôle de Jacques, voir l’épître que ce dernier adresse à Marguerite de Lorraine-Vaudéamont (Les Premières Œuvres Poétiques, op.cit., p. 13-14). Selon l’imprimeur, Marie de Romieu ignore cependant que son œuvre va être publiée (Ibid., p. 12) : est-ce le cas ? Ou bien est-ce une demande de la poétesse de façon à se dédouaner de toute responsabilité en tant que femme, tout en étant, dans les faits, publiée en tant qu’auteure ?
[5] Cf. Claude La Charité « Supercherie et désattribution des Premières œuvres poétiques (1581) : l’improuvable inexistence de Marie de Romieu », Femmes à l’œuvre dans la construction des savoirs. Trotot, Caroline, et al., LISAA éditeur, 2020, https://doi.org/10.4000/books.lisaa.1162.
[6] Nous mettons de côté les pièces qui font office de clôture pour nous intéresser à la première « vision » que le lecteur, en amontde l’œuvre, peut se faire de l’auteur.
[7] Les Premières Œuvres Poétiques, op.cit., f1v. La référence vaut également pour l’adjectif « docta ».
[8] Ibid., f2-3.
[9] Ibid., f2.
[10] Id. Ces « Satyres » ne nous sont pas parvenues : les Mélanges de 1584 n’en porte pas la trace. Peut-on imaginer que Jacques de Romieu face à la prise de position de sa sœur, a décidé de les retirer ? (Cf. Les Satires Françaises du XVIe siècle, Tome 2, Paris, Librairie Garnier Frères, 1922, p. 87-88.) Cela est possible, Marie de Romieu écrivant à son tour un sonnet à Monsieur de Tournon pour lui offrir les vers de son frère, « ravi d’une chaste Venus » (Mélanges, Lyon, Benoist Rigaud, 1584, Gallica, 91 ff, in-8, Bibliothèque nationale de France, Rés. Ye-1878, f.4v).
[11] Id.
[12] Ibid., f2v.
[13] Id.
[14] Id.
[15] Ibid., f3.
[16] Ibid., f3v. L’intégralité du sonnet s’y trouve.
[17] Ce nom signature est énigmatique : Vaulx peut signifier le lieu de vie, Togne peut être une variante de Toine, abréviation d’Antoine. « Antoine de Vaulx », serait-ce les prénom et nom d’un poète amateur qui n’aurait jamais assumé de publication ? L’on pourrait aussi envisager un surnom (trogne de veau, par homophonie et paronomase). L’édition Winandy se réfère de son côté au Répertoire général alphabétique bibliographique d’Émile Picot (Premières Œuvres Poétiques, Genève, Droz, 1972, p. 6.)
[18] Louange qui excède la réalité : si Marguerite de Lorraine-Vaudéamont est princesse, Anne duc de Joyeuse, connu comme mignon de Henri III, baron et chef militaire, n’est pas de souche si noble.
[19] À ce sujet, voir Mercedes Blanco, Les rhétoriques de la pointe : Gracian et le scepticisme en Europe, Paris, Classiques Garnier, 2007.
[20] Les Premières Œuvres Poétiques, op.cit., f4.
[21] Voir l’épître de Marie à son frère, ibid., f2.
[22] Agrippa D’Aubigné, Les Aventures du Baron de Faeneste, Quatrième Partie, Chap. XIV « Les Triomphes », Au Dezert. Imprimé aux despens de l'autheur, Gallica, in-8, Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, 8-H-6867, p. 285.
[23] Cf. Jean Lecointe, « Le ‘langage de la my-nuict’ : la poétique de Du Monin au regard de l’Académie de l’art poëtique (1610) de Pierre de Deimier, » Albineana, Cahiers d'Aubigné, 22, 2010. « Une volée de poètes » : D’Aubigné et la génération poétique des années 1570-1610. p. 269-292.
[24] Les Nouvelles Œuvres, J. Parant (Paris), In-12, Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, Rés. 8-BL-8920.
[25] G. Julien (Paris), [15]-210 ff. ; in-12, Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Ye-5537
[26] G. Bichon (Paris), 156 ff. ; in-12, BNF, département Fonds du service reproduction, Rés. Ye-1926.
[27] Cf. Les Satires Françaises du XVIe siècle, Tome 2, Paris, Librairie Garnier Frères, 1922, p. 88.
[28] Ce discours, sur lequel nous ne pouvons-nous étendre ici, est inspiré des Paradoxes de Charles Estienne, voir à ce propos l’article d’Anne R. Larsen, « Paradox and the Praise of Women : From Ortensio Lando and Charles Estienne to Marie de Romieu », The Sixteenth Century Journal, tome XXVIII, n° 3, 1997, p. 759-774.
[29] Voir le Banquet de Platon, Œuvres complètes, Tome IV, 2e partie, trad. de Paul Vicaire, Paris, Belles-Lettres, 1989 et entre autres Jean Libis et alii, L'Androgyne, Paris, Albin Michel, 1986.
[30] Le terme semble être un hapax.
[31]1 Si Murignieu nous reste inconnu (même via Google Books), Jean- Édouard Du Monin fait allusion, dans l’un de ses sonnets, à un certain « docte Perraut » (Nouvelles Œuvres, « Amours », op.cit., sonnet 12, p. 172.). Si l’on considère que les auteurs qui ont participé à ce seuil connaissent tous Jacques et Marie de Romieu, il est loisible d’imaginer que ce « docte » pourrait être notre Perraud, sans autre information néanmoins.
[32] Les Premières Œuvres Poétiques, op.cit., f5v. La référence vaut pour toutes les occurrences de ce sonnet.
[33] Ibid., f4v.
[34] Ibid., « Brief Discours », v.250 et v.255, f10.
[35] Ibid., f5.
Pour citer cet article
Pauline FABIANI, "Le seuil des Premières oeuvres poétiques (1581) de Marie de Romieu : Portrait littéraire et légitimité auctoriale ?", Effervescences Médiévales, 2024 [En ligne], mis en ligne le 19 novembre 2024.
Comments